jeudi 4 avril 2024

Le jours où je me suis fais stériliser


Avant

On pourrait faire remonter cette histoire à il y a longtemps, au première fois où j’ai entendu parler de vasectomie, mais c’est plutôt il y a un peu plus de 5 ans que j’ai vraiment commencé à y penser.
Comme souvent c’est lors d’une discussion entre amis que le sujet est apparu. Nous étions avec un couple d’amis qui quelques années plus tôt avaient eu leur troisième enfant. Le nombre de trois n'avait pourtant jamais été au programme, mais les médecins leurs avaient appris par la suite que c’est parce que tous les deux ensemble étaient "hyperfertiles".

Alors que nous discutions de cela, mon ami lança d’un air bravache "Bon au moins maintenant ça m’arrivera plus !", et devant notre air interrogatif il ajouta "je viens de faire une vasectomie".

S’en est suivit une conversation entre lui et moi sur le sujet, où il m’a longuement vanté les mérites de ce choix, pour lui qui se sentait en accord avec ce choix définitif, pour eux qui n’avaient plus à avoir peur d’une nouvelle grossesse involontaire et de ses conséquences, pour elle qui était maintenant libéré du poids de la contraception. Et c’est ce jours là que la vasectomie est passée dans ma tête de "Y a des gens qui le font" à "Pourquoi ne le ferais-je pas ?"

C’est vrai ça : pourquoi ? Nous avons nous même déjà trois enfants et aucune envie d’agrandir la famille à nouveau alors pourquoi pas ?

La peur du côté définitif ? Mais pourquoi ? On sait jamais si un jours tu tombe amoureux d’une autre femme ! Non, ça n’y changerait rien au fait que je n’ai plus, moi, envie d’avoir un autre enfant. Donc si jamais je rencontrais une femme qui veux un enfants c’est que déjà il y aurait un problème dans l’attente de notre relation. L’argument n’est donc pas valide.

La peur de l’opération peut-être ? Non, pas de peur à ce niveau, et puis mon ami avait été rassurant sur ce point : deux incisions de chaque côté, un coup de scalpel, deux petits nœuds et on referme avec deux ou trois points de sutures. ça se fait en ambulatoire et ça peut se faire sous anesthésie locale.

Bon bah alors, qu’est ce qui me retient encore ?

Rien ! Tout ! Je ne sais pas !

Et ce fût comme cela pendant quelque temps. L’idée a cheminé tranquillement dans ma psyché, sans vraiment y penser, mais en y repensant de temps à autre.

Et c’est pendant ce temps que mon amie m'apprend qu’elle se sépare de son compagnon de l’époque. Qu’est ce que ça vient faire là dedans me demanderez vous ? Eh bien tout simplement parce que cette amie voulait vraiment un enfant et que je lui avait promis de l’aider si un jour elle en avait besoin. Et moi, mes promesses j’y tiens.

C’est donc comme ça que le temps est passé avec cette décision prise, mais une promesse qui me tenait à ne pas le faire. Mais voilà que mon amie se remet en couple, et là vous allez rire, lui aussi a subi une vasectomie. Mais heureusement pour elle, il a conservé ses gamètes, la question restante étant, voudra-t-il les utiliser avec elle ?

Finalement oui, c’est bon, il est partant. Tout ce temps m’a permis de bien mûrir ma décision, mais aussi de faire un premier rendez-vous chez l’urologue. Il m’a informé, m’a principalement redit ce que mon ami m’avait déjà expliqué, mais il a aussi répondu à des questions que je n’ai pas osé poser. 

"On m’a dit qu’il y avait un risque d’avoir une sensation permanente de coup de pied dans les boules !"

"Alors, je ne vais pas vous mentir, oui c’est un risque qui arrive parfois, mais je fais une vingtaine de vasectomie par mois, et je ne l’ai rencontré qu’une ou deux fois."

Est ce que je dois être rassuré ? ou craindre d’être l’un des très très rares cas ? Et si c’était le cas, comment vivrais-je ça ? Est-ce que j’arriverais à gérer ?

Bon de toute façon à partir de maintenant j’ai 6 mois pour encore réfléchir.

De leur côté, mon amie en est à l'essai de la dernière chance. Je croise les doigts pour elle, et de mon côté je suis libéré de ma promesse. Je reprends donc rendez-vous. Cette fois ce sera pour finalisé et la prochaine fois que je reverrais l’urologue, je serais sur une table d’opération. Ordonnance, marche à suivre, livret d’hospitalisation j’ai tout, c’est bon dans un mois j’y passe.

J-1

Ah oui, c’est demain, je n’arrive pas à intégrer l’information. Pourtant tout est près. Peut être est ce parce que je ne suis pas passé par le CECCOS pour conserver mes gamètes. Le fait d’avoir choisi de ne pas conserver une "possibilité", m’a empêché d'intégrer le fait que ce soit définitif ? A moins que ce ne soit la marque que je suis tellement sûr de moi que je ne me pose même plus de question. Il est maintenant temps de passer à la douche bétadine du soir. le rasage des bourses, c’est bon c’est déjà épilé depuis une semaine, y a rien qui dépasse.

J0

C’est parti, direction la clinique. De peur d'arriver en retard, j’arrive en avance. ça tombe bien, ça me permettra de ne pas stresser. Les formalités remplies je monte pour aller au service ambulatoire. J’y suis accueillie avec le sourire par une infirmière qui me fait patienter le temps de préparer ma chambre. Bon au final, ma chambre ne sera pas libre à temps, je vais donc être mis dans une autre provisoire pour que je puisse me préparer.

J’enlève donc mes piercings, mes bagues, mes bijoux, je me mets totalement à nu avant d’enfiler cette superbe blouse de bloc avec fesses apparentes. Une petite charlotte et des chaussons finiront de me rendre du dernier chic de la mode automne-hiver des instituts médicaux.

Commence l’attente, assis dans le fauteuil en skaï. Heureusement, j’avais prévu mon téléphone portable et une batterie de charge, je peux passer ce temps à regarder mes youtubeurs préférés. Au final, le plus dur n’est pas l’attente, mais la faim, la soif et le manque de nicotine qui commence à me rappeler à moi.

C’est bon, on vient me chercher. Juste le temps de mettre mes affaires dans le coffre et le brancardier m’installe, on rentre les bras à l’intérieur et on descend pour la salle d’op. Mais avant, petit arrêt dans un vestibule, on m’y demande mon nom, ma date de naissance, et ce que je suis venu faire là. On me dit qu’on reviendra s’occuper de moi dans un instant. On revient, on me redemande mon nom et ma date de naissance. Pas moyen pour eux de couper les canaux déférents d’un autre qui venait pour qu’on lui retire sa vésicule biliaire, ça ferait mauvais effet. On m’installe le cathéter dans la veine du bras, on me colle les capteurs cardiaques sur la peau. C’est bon je suis paré.

Tout s’est tellement accéléré en quelques minutes, je suis maintenant allongé sur la table opératoire, l'anesthésiste me branche et me pose un masque à oxygène.

"Ah au fait, je fais de l’apné du sommeil"
"Pas d’inquiétude monsieur, ça ne change rien pour nous, dites mois si vous avez la tête qui tourne monsieur"
"OK"
"Avez-vous la tête qui tourne ?"
"Non ça va"

J’ai maintenant un tuyaux dans la bouche. Un tuyaux !? Mais d’où il vient ? Et puis cette salle ! Je n'étais pas là y a un instant.

"Ah vous êtes réveillé, ne bougez pas je vous enlève ça"

Ah donc ok, c’est donc fini.

"Vous allez bien !? Vous allez resté un peu là et ensuite on vous monte dans votre chambre"

Encore de l’attente. Je ne peux m'empêcher de passer la main sur mon entrejambe, c’est bon tout est toujours là. Je souris de ma propre bêtise.

On vient à nouveau me chercher pour me monter dans ma chambre. On me ramène aussi mes affaires.

"Dans combien de temps je pourrais sortir ?"
"D’ici 1 ou 2 heures normalement. Vous avez bien prévu quelqu’un pour venir vous chercher ?"
"Oui justement c’est pour prévenir ma femme qu’elle n’attende par pour rien. Vous auriez de l’eau aussi j’ai très soif"
"Ah non désolé je ne peux pas vous donner d’eau pour le moment"

Attendre à nouveau, je vais pouvoir regarder la suite de ce que j’étais en train de regarder quand on est venu me chercher.

Une heure plus tard, on me sert enfin un broc d’eau, ainsi qu’un yaourt et un petit gâteau. C’est pas beaucoup mais ça calme la faim et surtout la soif.

C’est bon je peux enfin sortir, il est 19h, je suis rentré à 14h, il n’aura fallu que 5 heures pour que ce soit fait. Pour l'instant je ne sens qu'une petite gêne au niveau des deux pansements qui couvre les incisions. C’est à ce moment-là que mon esprit semble avoir enfin intégré l’information. Oui, ça y est je viens de me faire stériliser. Aucune peur, aucun doute, juste une information nouvelle intégrée.

Pour fêter ça, restaurant en famille. L’occasion de rassurer un peu mes filles. La blague du "je vais me faire couper les boules" a été quelque peu prise au premier degré par la dernière. Je lui explique donc ce qu’il m’a été fait.

"Et voilà maintenant vous ne risquez plus d’avoir de petit frère ou de petite soeur."
"Oh zut ! je n’aurais pas de nouvelle petite soeur à torturer"
"Ah non cette fois-ci ça aurait été mon tour, je n’aurais plus été la dernière".

Éclat de rire à la table, ça va personne ne semble ni choqué, ni inquiet. A part peut être une table autour de nous qui aurait pu entendre la conversation et qui n’aurait pas été au courant de l’humour noir de la famille. Vous connaissez la famille Addams !? Je vous présente nos enfants Mercredi et Pugsley.

Retour à la maison, toujours pas de douleur. Pas encore besoin des doliprane. J'ai juste une sensation de compression avec mon boxer. Je pense que demain vendredi et tout le week-end je n'en porterai pas. Je vais me mettre en pyjama pour finir la soirée.

ça fait du bien, mais à trop être détendu, on oublie, et dans un mouvement sur le canapé, mouvement que j’ai pourtant fait des centaines de fois, mes jambes enserre légèrement mes bourses et ce qui en tant normal aurait été un simple pression, se transforme en la sensation d’une énorme pince plate qui enserre mes tuyaux meurtris. Je contiens tant bien que mal un cri de douleur.

"bah oui faut faire attention ! J'ai pas mal ! J'ai pas mal ! Mais fais gaffe quand même." me dit ma lionne hilare.

Bon ok, cette fois-ci je vais le prendre ce doliprane.

Il est maintenant l’heure d’aller nous coucher. C’est à ce moment sur l’oreiller que la tension de ma lionne se relâche et qu’elle avoue avoir été stressée, je la prends dans mes bras pour la câliner. Nous nous embrassons. Je la sens interdite.

"Tu ne vas pas avoir mal ?"
"Non ça va, on va faire attention."

Premier câlin, tout se passe bien. Il faut juste faire un peu plus attention à la position de mes bourses pour ne pas qu'elles tapent ou se fassent compresser d’une manière ou d’une autre. Première éjaculation, aucune gêne, aucun changement de sensation.

Jusqu’ici tout va bien.

J+1

Première nuit, à part faire attention à la position de sommeil, rien à signaler.

Définitivement pas de boxer pour aujourd’hui. Par contre les doliprane oui. Non que la douleur soit intense, mais elle est là en continue, sourde. Rien d’ingérable, mais assez pour ne pas avoir envie de faire autre chose de la journée que de rester tranquillement allongé devant mon écran.

C’est amusant comment certaines choses anodines auxquelles on ne fait habituellement plus attention, deviennent source d’inconfort. Tel la dernière goutte de pipi, celle qu’on s'évertue à faire sortir, qui en secouant, qui en massant, qui en tordant, chacun a sa méthode personnelle. La méthode utilisée devient tout à coup importante car il ne s’agit pas de tirer sur les fils et la peau incisé pour ne pas avoir à prendre un doliprane de plus.

J+2

Ça tire un peu, ça pince un peu. Ça ressemble à la sensation qu'on peu avoir après s'être coincé un testicule en s'asseyant ou en croisant les jambes. Rien de bien méchant plus une gêne.

Hier j'ai dit à ma lionne "Va falloir qu'on voit pour ma deuxième éjaculation ! Quarante en trois mois ! Ordre du médecin."

Sa réponse : "tu sais te débrouiller tout seul" en me faisant un clin d'œil.

Au final comme je n'avais pas d’envie, je n'ai rien fait, mais ça m'a fait réfléchir. 40 éjaculations en 3 mois, ça fait une tous les 2,25 jours. C'est quand même beaucoup. Je ne sais pas si au final l'obligation ne va pas me bloquer.

J+3

Ce soir, je n’ai toujours pas envie, mais il va falloir. Je suis seul et je n’ai pas d’autre choix que de passer en mode manuel. J’ai du mal à bander, l’obligation se bat contre tout fantasme que j’essaie de suivre. Enfin j’y arrive, deuxième éjaculation, mais sans aucun plaisir cette fois-ci. Je retire la serviette qui m’a permis de me protéger le ventre et m'essuie avant d’aller me rincer au bidet. Mon éjaculat ne semble pas avoir changé de texture ou d’odeur. Toujours normal.

J+4

La vie est belle, tout va bien. Juste une impression de lourdeur dans les bourses, comme si elles pesaient plus lourd qu'habituellement. Jusqu'à hier, aucun sous-vêtement, je ne supportais pas mes boxers. Mais là, j’en ai remis un. l’impression de lourdeur a diminuée, mais c’est au prix d’une sensation de compression. N’ai je donc que le choix entre ces deux possibilités ?

Le parcours à moto du matin pour aller au travail me fait me dire que j'ai bien fait de prendre 4 jours de repos après l’opération. Non pas que ça fasse mal, mais une sensation très désagréable à la descente. Surement les vibrations de la mécanique de la machine qui se transmettent dans le réservoir. J’espère que ça ira mieux ce soir en rentrant.

Le trajet retour s’est bien passé, plus de sensation désagréable à l’arrivée. Mais un doliprane me permettra de penser à autre chose. Cette petite gène n’est pas énorme, mais elle est toujours là, comme un bruit de fond.

Ce soir, j’ai envie. Enfin, ça revient. Est-ce la présence de ma lionne qui me fait cet effet ? Surement, mais comme elle sort de 2 gardes, je vais la laisser tranquille. Et puis la blague des 40, même si elle est fan d’humour de répétition, je ne suis pas certain qu’elle ne finisse pas par en avoir marre. Troisième éjaculation, cette fois-ci mon éjaculat me semble plus liquide. En même temps, ça fait deux soirs de suite, ça n’a rien d’anormal. Je verrais la prochaine fois.

J+5

Le doliprane ne semble plus nécessaire, les mouvements auxquels je dois faire attention me sont devenus familiers. Une nouvelle routine s’installe.

Ce soir ma lionne est montée me rejoindre alors que j’allais me coucher. Non pas pour dormir, mais parce qu’elle avait envie de moi. Tout s’est très bien passé, mélange de douceur et de force que j’aime tant dans nos ébats.

Deuxième câlin, quatrième éjaculation… ça devient fatiguant de tenir les comptes.

J+7

Une semaine déjà. Ce matin, je m’aperçois devant mon café que je n’ai pas pensé à mes parties.
Cela fait deux jours que jei n’ai plus pris de Doliprane. Je m'ausculte. Les tuméfactions au niveau des incisions ont disparu, les fils sont presque complètement résorbés, aucune sensation douloureuse à la palpation. Il semblerait que ce soit fini.
Retour à une nouvelle normalité.

lundi 11 juin 2018

La différence c'est les sentiments



"Le polyamour ce n'est pas du libertinage, nous on a des sentiments, c'est pas que du cul !"
Voici une phrase que l'on entend souvent dans la bouche des poly en train d'exposer ce qu'est le polyamour. L'essence même de la différence serait donc celle-ci, les polyamoureux ne cherchent pas du sexe, mais bel et bien des sentiments. Et c'est vrai, être poly c'est se laisser le droit d'aimer plusieurs personnes. On peut donc avoir plusieurs histoires d'amour en parallèle et les sentiments qui vont avec. D'un autre coté les poly ont aussi des relations sexuelles avec leurs amoureux et leurs amoureuses. Et le sexe est quand même une composante importante dans une relation, il y a donc aussi du sexe dans les relations polyamoureuses.(Apparté : Je mets ici volontairement les polyaffectifs et les asexuels à part, non par jugement de valeur, mais simplement parce qu'ils représentent un cas particulier.)
A contrario, les libertins eux ne chercheraient que du sexe, pas de sentiment là dedans... En tout cas c'est ce que semble penser beaucoup de monde. Et pourtant, dans le milieu libertin se nouent des sentiments aussi. Des sentiments d'amitiés, mais aussi des sentiments amoureux. Et quand on y pense c'est logique, il existe beaucoup de couples qui se sont formés sur les bases d'une attirance physique. Pourquoi ça serait différent dans le cas des libertins ? Il en est même qui découvrent le polyamour en entrant par la porte du libertinage (coucou mon amour !).
Chose amusante, au moment où je commence à écrire cet article après de long mois à me demander comment m'y prendre et à réfléchir sur la question, un débat s'est ouvert sur le forum polyamour.info sur le sujet. C'est donc le signe qu'il faut que j'arrête de procrastiner et que je m'y mette sérieusement.

En résumé dans ce sujet un couple se pose la question s'ils ne sont pas dans une démarche de polyamour, car ils ont envie d'une relation à trois, mais que contrairement au libertinage ils veulent prendre le temps de faire connaissance avant. Et ces personnes se voient répondre que ce qu'ils cherchent ce n'est pas des sentiments, mais du sexe et que donc ce n'est pas du polyamour mais du libertinage. S'ensuit un débat, sur les sentiments dans le libertinage.
Dans ce débat on peut y lire des chose comme :
  • "Je conçois aussi le libertinage comme une absence de sentiments et une attirance purement sexuelle"
  • "En libertinage, vous laissez vos sentiments à la porte - en polyamour, vous aimez plusieurs personnes sentimentalement."
  • "En polyamour, l'autre (ou les autres) impacte(nt) notre vie complètement, même sans vie commune. Ce ne sera pas juste le souvenir d'un super bon moment passé ensemble."
Ainsi se dépeint le monde du libertinage dans le monde polyamoureux : un truc sans sentiment, juste de bon moment sans réel importance, le tout avec une certaine condescendance. Et nos amis un peu paumés par ce qu'ils ressentent n'en sont pas plus avancés.

Pourquoi ce sentiment de supériorité ? Comment se fait-il que les polyamoureux aient ce sentiment que ce qu'ils vivent est supérieur à ce que vivent les libertins ? Et les poly ne sont pas les seuls, car en comparant les deux auprès de monogames, vous avez de grande chance pour que l'un soit vu comme plus "pure" que l'autre.
Mais ce qui me semble logique dans la population monogame, m'apparait paradoxal dans la population polyamoureuse. Dans ce milieu qui se targue de faire sauter les barrières, de penser en dehors des cases, de lutter contre le patriarcat, etc. tout cela à juste titre, subsiste encore une grosse empreinte sociétale sur un certains nombre de choses. Et l'une des plus grosses empreintes est celle qui dit que le sexe est inférieur au sentiment amoureux. L'important dans un couple serait le sentiment amoureux, le sexe ne serait que secondaire. Parce que le sexe c'est animal, c'est un instinct, c'est bas dans l'évolution. Les sentiments c'est intellectuel, c'est humain, c'est supérieur. L'éros, l'amour vulgaire contre le Philia, l'amour sacré s'opposeraient. Et cela depuis Platon, c'est dire si ça ne date pas d'hier.


Mais ne soyons pas sectaires, car quand dans le milieu libertin nous parlons du polyamour, là aussi les réactions sont assez semblables, mais dans le sens inverse.
  • "Il fait ce qu'il veut de son corps, mais son cœur m'appartient."
  •  "Si jamais je tombais amoureux, j'arrêterais tout de suite."
  • "Moi je n'embrasse pas je garde ça pour mon amoureuse."
Au passage, il est intéressant de noter que dans le milieu libertin, embrasser est pour beaucoup considéré comme plus intime qu'un coït. Comme quoi, la relativité est une question de point de vue.
"Mais alors, quel est le problème, alors que tout le monde est d'accord ?" me direz vous. Et vous n'aurez pas tort (oui j'aime brosser mon lecteur dans le sens du poils). En fait, vous répondrais-je, le problème en dehors du fait que, comme je l'ai dit au début de ce billet, il existe des sentiments dans le libertinage, sentiments qui vont de la simple camaraderie à l'amitié forte et aussi à l'amour, c'est surtout que si les libertins se refusent à trouver l'amour dans leur milieu, ce n'est pas une raison pour autant de considérer que cela est inférieur au polyamour. Les deux ne sont au final que des versions différentes de relations ouvertes et la frontière entre eux est floue et la porosité entre les deux est très importante. Et dans les deux cas, l'annonce à la famille est source de malaise...

lundi 28 mai 2018

Les hommes savent bien ce que les autres hommes ont dans la tête



Car tous les hommes « savent bien ce que les autres hommes ont dans la tête ». Mais ceci est encore une autre histoire pour un autre billet...

En écrivant ces lignes je ne pensais pas plus loin que le fait que ça puisse donner matière à un autre article. Mais visiblement, la lecture de cette phrase en a frustré plus d'un et plus d'une qui est "resté sur sa faim". Je vais donc arrêter de repousser ma logorrhée et me mettre à écrire mes pensées. Mais autant dire que ça ne va pas être simple de mettre au clair le fouillis de pensés que m'inspire cette simple phrase.

Il y a tellement de chose dans cette petite phrase que je ne sais pas trop par où commencer. Essayons avec un peu de contexte, je suis un homme, hétéro, cis-genre, européen ayant une vie tout ce qu'il y a de confortable. Et si mon enfance n'a pas été rose, maintenant je n’ai plus à me plaindre. Autant dire qu'à la loterie de la vie, je fais plutôt partie des chanceux. Pourquoi cette mise en contexte ? Hé bien tout simplement parce que cette phrase en tant qu'homme éduqué dans notre société française actuelle, il fut un temps où j'y ai cru.
En tant que petit garçon on nous apprend que pour nous c'est normal d'avoir envie de jouer à touche-pipi, on glorifie nos envies sexuelles si nous commençons à montrer de l'attirance pour "les filles". D'ailleurs les pères se félicitent que leurs fils soient des tombeurs, ils se tapent dans le dos et congratulent leur couillu quand il a enfin trouvé une donzelle qui a bien voulu les déniaiser, et lui souhaitent par la suite plein de conquêtes et espère qu'il sera un bon coup car il en va de l'honneur des hommes de la famille.
A contrario, s'ils ont une pissouse, la première question qu'ils vont se poser entre eux c'est "As-tu un fusil de chasse et des pièges à loup ?" et proposer en rigolant de s'échanger l'adresse du couvent le plus proche. Et quand, vers 18 ans, vient le temps d'une sexualité possible, même si prématurée, aux yeux des parents, alors la maman ira voir sa fille pour lui expliquer que le premier devra être cher à son cœur, être quelqu'un de spécial, que sa fleur ne s'offre pas au premier venu, qu'il faut faire bien attention à bien le choisir car un premier ça compte beaucoup. Et quand cette dernière avouera qu'elle a déjà connu le loup il y a quelques années déjà, là, on demandera à la demoiselle délurée si elle est sûre que le garçon l'aimait vraiment, et si elle aussi l'aimait pour de vrai. On la mettra en garde contre le fait de ne pas simplement vouloir faire comme ses copines, et bien sûr on s’inquiétera du fait qu'elle ai pensé à se protéger des grossesses tout en lui souhaitant que ce soit son véritable amour en espérant qu'elle soit toujours avec bien sûr. Et si ce n'est pas le cas, elle aura surement le droit à "t'inquiète pas le prochain sera peut être le bon".
Ces deux comportements vous paraissent peut être caricaturaux, mais pourtant c'est du vécu autour de moi. Pour ma part, je dois avouer que j'ai commencé à ouvrir les yeux à la naissance de ma fille. C'est là que j'ai commencé à tiquer sur cette différence de discours qui m'étaient tenus entre mon fils et ma fille. Rien de méchant, juste des blagues qu'on se dit entre papas en riant de bon cœur et sans méchanceté aucune. De bon conseil qu'on donne, qu'on a donné ou qui nous ont été donnés. De belles phrases qu'on entend dans les films, les séries, les livres, les BDs et tout autre média. J'ai fini par y voir un dénominateur commun :

Mon fils devait être encouragé, ma fille devait être protégée.


C'est à ce moment que mon esprit fût pris d'un doute et commença à se poser ma question préférée. La question dont les réponses ne m'ont jamais déçu. Une question simple, et pourtant puissante. Cette question tient en un seul mot : "Pourquoi ?"
Pourquoi cette différence de traitement entre filles et garçons ? Qu'est-ce qui justifie cela ? Pourquoi devrais je protéger ma fille ? Contre quoi ?
Assez rapidement je suis arrivé à une conclusion assez dérangeante : si je devais protéger ma fille c'était parce que je devais encourager mon garçon et que si j'allais devoir encourager mon garçon c'est parce que j'allais apprendre à ma fille à se protéger. Nos filles doivent se méfier parce que nos fils apprennent à insister. Nos fils doivent insister parce que nos filles apprennent à se méfier. C'est sans fin.

Ainsi on finit par générer des comportements où les femmes se positionnent en proie et les hommes en prédateurs. Dit comme ça, ça peut vous paraître un propos féministo-extrémiste, le genre de propos balayé d'un revers de la main quand on ne sait pas trop quoi rétorquer à part que "non c'est pas vrai". Et pourtant, si on essaye d'inverser les rôles que se passe-t-il ?
Imaginons une femme seule dans un bar (déjà là c'est inhabituel) qui au lieu d'attendre patiemment qu'un homme vienne à elle pour lui payer un verre et lui dire que son père était un voleur car il a pris les étoiles du ciel pour les mettre dans ses yeux, va à la rencontre du gars à l'autre bout du bar sur qui elle a flashé, et lui propose de lui offrir un verre en s’asseyant à coté de lui et à la fin de la soirée l'invite chez elle pour "un dernier verre".
Je ne sais pas pour vous, mais moi ce genre de scène me parait de la science-fiction en l'état actuel des choses. En revanche, il m'a été souvent relaté la situation inverse par des amies et des amis. Et cette situation, dans laquelle l'un des protagonistes est en chasse et l'autre chassé, est régulièrement visible dans les lieux de sociabilisation mais avec l'homme dans la position du dragueur. D'ailleurs on dit bien un dragueur, pas une dragueuse. Pour les femmes on parlera plus souvent d'allumeuse dans ces cas-là. Un mot, qui même si dragueur est moins bien connoté maintenant, est quand même bien plus négatif et accusateur. Déjà parce qu'une allumeuse ça ne va pas au bout des choses, car rappelez-vous qu'une fille ne donne son corps qu'à un homme qu'elle aime et qui l'aime, ensuite parce que si ce n'est pas une allumeuse c'est que c'est une fille facile. Et là c'est encore pire.
Car oui, il y a pire qu'une allumeuse c'est une fille facile, celle qui se donne au premier venu (on notera au passage le terme "donner") ou bien trop rapidement.
Amusez-vous à faire la recherche suivante sur votre moteur de recherche préféré : "how many date before sex" ou en bon Français "combien de rendez-vous avant de coucher". Autant les articles que les commentaires de ces derniers vous montrerons que cette question est loin d'être une une question anodine pour beaucoup de femmes et d'hommes. Même si là encore, vous y verrez la différence de lecture de cette question. Les femmes se posent la question sous la connotation : "combien attendre pour ne pas avoir mauvaise réputation ?", alors que les hommes eux plutôt : "combien attendre pour ne pas la faire fuir ?". Là encore, l'un cherche à savoir jusqu'où il peut insister, l’autre jusqu'où elle peut résister.

Je digresse, je digresse, mais pas tant que ça. Car oui on en arrive à la fameuse phrase "on sait bien ce que les hommes ont dans la tête". Et ce que les hommes-chasseurs ont dans la tête c'est la volonté de chasser un trophée. Et ce trophée est situé entre les jambes des demoiselles-proies. Il devra pour l'obtenir user de ruses et de patience. Mais il n'est pas exclu que certains y préfèrent la méthode du piège et la force. C'est justement pour cette raison que nos demoiselles-proies devront quand à elle apprendre à se méfier, rester toujours sur le qui-vive et ne pas laisser penser qu'elle est une proie facile, au risque de voir défiler tout les hommes-chasseurs viandards et à se voir considérées comme une proie de piètre qualité et sans véritable intérêt puisque tout chasseur sait bien qu'il est plus glorifiant de réussir à obtenir une proie difficile.

Tout ceci étant dit, il reste un gros problème. Comment y remédier ?
On pourrait commencer par enseigner à nos fils qu'ils ne sont pas des chasseurs et à nos filles qu'elles ne sont pas des proies. C'est un très bon début, même s'il n'est pas exempt de problème pour eux car tant que la majorité ne sera pas éduquée comme cela, ils risquent de se voir jugés par les autres à la lumière ce qu'ils n'ont pas été éduqué pour être.
Reste aussi le problème pour ceux qui ne sont plus des enfants. Ainsi dans les lieux de drague et de rencontre, on retrouve d'un côté des femmes qui se comportent comme on leur a appris, telles des princesses dans leur tour attendant de voir si l'un des princes mérite son attention, et de l'autre des hommes se comportant aussi selon un schéma acquis et pour qui un "non" n'est qu'un "peut-être" et qui pensent que s'ils ne sont pas insistant ils n'auront rien. Et là, à moins d'une prise de conscience globale ça va être très dur. Mais je ne désespère pas. Car je sens poindre chez certaines de mes amies l'envie de ne plus répondre à ce schéma.

vendredi 9 mars 2018

Un coup de canif dans le contrat



Ça fait bien longtemps que je n’avais pas écrit ici. Non pas que je n’avais pas d’idée, mais je trouvais que je n’avais rien de véritablement intéressant à apporter dans les débats que j’avais. Donc comme le disait une grande personne : quand on n’a rien à dire, il vaut mieux fermer sa gueule.
Pour mon retour je vais vous raconter deux histoires.
La première c’est un ami qui est bien en peine dernièrement. Avec sa femme ils ont passé un accord lors de leur mise en couple. Cet accord c’est celui de la non-exclusivité libertine. Et dernièrement sa  femme, qu’il aime plus que tout, lui a dit qu’elle ne voulait plus libertiner avec lui, mais aussi qu’elle ne voulait plus qu’il libertine tout seul, car ça lui faisait trop de mal de l’imaginer dans les bras d’une autre. Le problème c’est qu’il aime beaucoup le libertinage, mais il aime aussi beaucoup son amour. Il ne veut pas lui faire de la peine, mais il est malheureux de faire une croix sur cette partie de son désir. Il ne sait pas comment réagir.

La deuxième histoire est celle d’une amie qui est bien en peine dernièrement. Avec son mari il se sont promis la fidélité. Et dernièrement elle a découvert qu’il avait des maitresses. Il lui affirme qu’il l’aime toujours, mais qu’il aime aussi aller voir ailleurs et qu’il souffrirait s’il devait choisir de ne plus avoir ces petits moments à lui à côté. Elle l’aime, mais l’idée de le savoir dans les bras d’une autre le fait souffrir. Elle ne sait pas comment réagir.

Que pensez-vous de l’histoire de mes deux amis ? Moi en tout cas j’ai un avis sur la question.
Et vous ?
En toute honnêteté à ce moment-là du récit, et ce même si vous me voyez venir, combien d’entre vous on pensé qu’il était normal pour mon ami de faire une croix sur le libertinage pour le bien de celui qu’elle aime et combien d’entre vous ont pensé que mon amie devait quitter son mari ou lui faire arrêter d’aller voir ailleurs !? Je ne pense pas me tromper en disant que la majorité des gens lisant ces lignes vont se dire cela. En tout cas, avant, je l’aurais fait. Mais ça c’était avant. Car maintenant je vois les choses autrement. Par exemple, ici il y a une chose qui maintenant me saute aux yeux : dans les deux cas c’est la même histoire et on nous a éduqué pour ne pas le voir et pour les traiter différemment.
Dans les deux cas, il y a tromperie. Mon amie avait signé un contrat moral d’exclusivité et son mari ne le respecte pas. Pire, il lui demande a posteriori de pouvoir ne plus respecter ce contrat passé entre eux pour que lui puisse en profiter. Il a choisi unilatéralement de rompre le contrat qui les unissait et veux le lui imposer. En d’autre terme : il l’a trompée.
Mon ami lui, a signé un autre contrat moral avec sa femme, un contrat de non-exclusivité. Et c’est sa femme qui a décidé unilatéralement de ne pas respecter ce contrat et veux lui imposer de ne plus le respecté pour elle pouvoir en profité. En d’autre terme : Elle l’a trompé.

Dans les deux cas donc, notre réaction devrait être la même. Que notre réaction soit dans les deux cas de l’acceptation ou de la vindicte, mais que notre réaction soit la même. Pourquoi dans un cas devrions-nous trouver normal que l’on demande l’exclusivité « par amour » après avoir promis le couple libre, alors que dans l’autre cas nous devrions vilipender le satyre qui ose aller coucher avec d’autre femme que la sienne ? 
Un contrat c'est un accord entre deux parties ou plus. Cet accord peut être renégocié, mais si cela se fait c'est en acceptant la possibilité d'une fin car les négociations n'auront pas abouties. Cela doit se faire d'un "commun accord" justement. Là dans les deux cas, il y a eu accord, puis l'un des deux ne se sent plus bien dans les termes prévus. Ce sont des choses qui arrivent, et rien d'anormal ni de condamnable à cela. Le problème ici, c'est que dans les deux cas, ils choisissent de se libérer de ce contrat, et d'imposer à l'autre la rupture de celui-ci, en faisant au passage un petit chantage affectif. Cela s'apparente ici à ces sites, ou programmes, qui une fois qu'ils sont installés dans vos vies et habitudes changent les CGU avec comme choix : "j'accepte" ou "je désinstalle/supprime mon compte". On a toujours le choix certes, mais on a le choix entre perdre un acquis ou un autre. Peut on vraiment encore appeler cela un choix ?